J'ai été confronté, un été, en Turquie à une situation d'urgence. Mon épouse est piquée au pied gauche par un scorpion. Elle hurle de douleur en se tenant le pied gauche; allongée sur le dos dans une grande agitation.
Elle récame d'être soulagée et me demande d'utiliser la seringue "aspivenin" qu'elle avait dans sa trousse d'urgence.
Je dois préciser que je suis chirurgien et que j'ai moi même dans une sacoche un petit dispositif pour traiter en toute autonomie une éventuelle blessure.
Une de nos amies vivant dans le pays nous conseille d'aspirer le venin en suçant le point de piqure, ce que je commence à faire dans l'affollement initial. Elle me suggère de me rincer la bouche avec de l'huile d'olive qu'elle s'est empressée d'aller chercher à la cuisine pour éviter de moi même m'envenimer.
Lorsqu'on trouve enfin la seringue "aspivenin", je l'applique après avoir eu du mal à comprendre qu'à l'inverse d'une seringue normale, il faut enfoncer le piston pour faire le vide.
Une bosse se forme comme avec les ventouses à l'endroit aspiré mais rien ou presque ne sort de là.
Une idée géniale me vient soudain, tout d'abord avec pour seule arrière pensée de soulager la très vive douleur. Je demande ma sacoche d'urgence et y puise un flacon de xylocaïne adrénalinée dont j'injecte quelques centimètres cubes autour de la piqure.
Soulagement immédiat de la douleur. L'agitation se calme. je peux utiliser plus efficacement ma seringue "aspivenin" mais sans la moindre efficacité. Je raisonne en chirurgien et me dis qu'il faut ouvrir la peau si on veut obtenir que le venin sorte. j'incise donc sur le point de piqure déjà anesthésié, et, cette fois, l'aspiration est efficace.
Je fais alors un veritable rinçage de la zone avec du sérum injecté en sous cutané et ne cesse qu'après avoir un liquide clair qui sort.
Pansement et guerison totale et immédiate avec reprise d'une activité normale dès la demi heure qui suit.
Un médecin local appelé tout de même pour avoir son avis nous dit qu'il a une bonne expérience de ce type de piqures et qu'elles donnent habituellement une très grosse réaction de gonflement de tout membre inférieur et des symptomes généraux qui necessitent souvent une hospitalisation de quelques jours.
J'ai depuis cherché sur le web les conseils qui sont donnés pour traiter en urgence les envenimations et ai trouvé unanimement que l'on déconseillait d'agir comme je l'ai fait localement.
Je considère donc que j'ai fais là une très importante innovation et me prépare à en faire la confirmation en traitant par ma méthode un nombre suffisant de cas graves au cours d'un séjour que je voudrais effectuer j'espère cet été en zone à risque, comme certaines villes du Sahara.
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